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Nouvelle ode au Rossignol
par Pierre Chomé
Avocat au barreau de Bruxelles
Il y a quelques années, à la recherche périodique d’un nouveau stagiaire, j’ai fait la rencontre qui m’a marqué lorsque s’est présenté à mon cabinet Me Anthony RIZZO, soucieux d’effectuer un stage dans mon équipe.
Il m’a décrit avec modestie et précision ses études antérieures à l’Université Libre de Bruxelles.
Vu la qualité particulière de celles-ci, je me suis interrogé sur l’absence de volonté de poursuivre telle ou telle spécialisation après avoir décroché le graal à savoir, le diplôme en droit.
Anthony m’a immédiatement indiqué qu’il avait appris grâce à ses études à chercher des réponses aux différents
problèmes juridiques dans les matières diverses qui pouvaient se poser dans sa future profession et qu’il se sentait parfaitement habilité à trouver les réponses adéquates.
Il faut remarquer que j’ai appris incidemment qu’il avait eu un prix du meilleur chercheur au sein de l’ULB.
Il m’a également appris, ce qui était bien évidemment un gage majeur d’engagement au sein de mon cabinet, qu’il avait comme loisir la boxe. Je me suis dit qu’au-delà de ses compétences juridiques remarquables, j’allais pouvoir, en plus, bénéficier d’une protection rapprochée à l’égard de clients récalcitrants, voire violents. Heureusement, cet atout majeur n’a jamais dû être utilisé pendant l’excellent stage qu’il a effectué dans mon cabinet.
Très rapidement, j’ai eu le sentiment que la science au sens noble était rentrée dans mon modeste cabinet d’artisans du droit et que je me trouvais en présence d’un confrère aux compétences exceptionnelles.
Je garde un souvenir d’une affaire rocambolesque qui concernait des gabegies au sein de l’armée belge où de nombreux militaires achetaient tout et n’importe quoi sur la cassette de la Défense nationale, une télévision pour la grand-mère, un réfrigérateur pour le voisin… Cela a été jusqu’à découvrir que certains militaires avaient emmené leur compagne officielle ou non dans un magasin de lingerie féminine et que les factures étaient devenues des factures d’accessoires d’apparat pour l’Armée belge.
Dans ce débat qui avait à la fois un côté folklorique mais également stressant pour les différents prévenus, tant les commerçants qui avaient par complaisance dressés des fausses factures que les militaires qui avaient abusé de certains avantages des forces armées, Anthony RIZZO avait développé une argumentation particulièrement carrée et scientifique.
Lorsque le ministère public a pris la parole lors de ses réquisitions, j’ai été très impressionné d’apprendre que parmi l’ensemble des arguments de la cinquantaine de protagonistes présents, le procureur fédéral considérait qu’il n’avait juridiquement et scientifiquement qu’à répondre à un seul jeu de conclusions, à savoir les conclusions de mon cabinet, en réalité, les conclusions qui avaient été savamment rédigées par Me Anthony RIZZO.
L’ensemble de son stage s’est déroulé dans une ambiance d’excellence combinée à une ambiance d’amitié et de solidarité exceptionnelle.
Il m’a annoncé un jour qu’il me quittait, non pas je présume par rapport aux qualités déployées avec succès au sein de mon équipe, mais pour se lancer dans une voie pour le moins périlleuse, à savoir la rédaction d’une thèse.
Ce choix me paraissait tout à fait désigné par rapport à ce que j’avais découvert de lui en dehors de ses qualités humaines.
Très rapidement, j’ai appris que cette thèse avait été menée à son terme et qu’il avait, grâce à cette prouesse scientifique, décroché un poste d’enseignant au sein de l’ULB.
Tout cela était dans la lignée du boxeur qui s’était présenté à mon cabinet et de la manière dont j’avais pu, pendant les années de son stage, apprécier son mode de fonctionnement, sa concentration dans le travail et la pertinence de ses raisonnements juridiques.
Qu’on lui confie cette tâche d’être l’orateur de rentrée n’est que la suite de cette carrière qu’il poursuit avec brio depuis son entrée au barreau. Il n’y a plus qu’à lui souhaiter une prestation magistrale dont je ne doute pas un seul instant et une poursuite de carrière aussi éclatante que le début dont j’ai pu être un spectateur privilégié.