Blog
Pierre le Grand y resta huit jours, la Conférence du Jeune Barreau presque autant.
par Armelle ZALUZEC
Avocate au barreau de Bruxelles
par Lara DEGEEST
Avocate au barreau de Bruxelles
Un vendredi d’automne, la Conférence du Jeune Barreau et ses plus tendres fidèles sont arrivés à Zaandam, sur les traces du tsar Pierre le Grand.
Zaandam, véritable joyau dissimulé aux abords d’Amsterdam, où l’eau et les couleurs se mêlent en une harmonie presque picturale, a vu passer plus d’une illustre figure. Parmi elles, Claude Monet, inspiré par la lumière des lieux, ou encore le grand, le noble, l’inoubliable Tsar Pierre le Grand qui, malgré l’art de vivre local, n’y demeura, que sept jours selon les ouvrages officiels… et huit, murmurent les connaisseurs. L’histoire tait les raisons de son départ précipité. Les visiteurs, eux, pointent l’architecture douteuse de cette demeure, qui rendrait vaseux plus d’un gondolier.
À peine arrivés à l’hôtel mythique de la ville qui trône fièrement au-dessus de la rivière Zaan — et après avoir fait connaissance avec notre colocataire de fortune (ou choisi d’embrasser la solitude pour les plus chanceux) — un doux breuvage d’accueil nous attendait. Ce n’est qu’une fois toutes les mains serrées et les chaleureuses étreintes échangées, que nous filions au restaurant « Rosey’s » pour lancer les hostilités.
Entre deux bouchées savoureuses, la cinquantaine d’invités a eu le privilège d’écouter Monsieur le Président livrer son plus beau mot de bienvenue — un grand cru, à n’en pas douter — avant de lever leur verre… et pour ceux disposés à patienter, ce verre, en plusieurs s’est transformé. La soirée s’est alors étirée jusqu’à ce que l’aube pointe le bout de son nez, rappelant à chacun qu’il serait peut-être sage d’aller se coucher, pour pouvoir profiter, le lendemain, d’un bon petit – déjeuner.
Il ne fallait pas avoir l’intellect de Cicéron pour pressentir qu’à 7h30 précises, la salle du petit-déjeuner serait aussi dépeuplée que les plateaux-repas de la Lawyer’s Night de l’an dernier — autrement dit, à un niveau de subsistance comparable à celui du cocktail de rentrée de Madame la Bâtonnière (sans la moindre rancune, cela va de soi).
Sans attendre les plus indolents, nous avons entamé notre exploration de la ville, « guidée » pour certains, à l’aveugle pour d’autres, au milieu d’un décor si féerique — et si délicieusement artificiel — qu’on eût cru flâner au cœur d’un parc d’attractions. C’est au fil de cette visite que nous avons découvert que Pierre le Grand, un tsar russe épris d’Europe, avait laissé ses pas fugaces à Zaandam, dans une humble demeure connue sous le nom de « Czaar Peterhuisje ». Tandis que certains luttaient contre le vertige dans cette maison aussi inclinée qu’exiguë, d’autres mobilisaient tous leurs efforts pour survivre aux explications d’une guide passionnée, qui avait pour seule mission : mélanger le russe, l’anglais et le néerlandais… Sans aucun doute, une manière bien à elle de mettre à l’honneur Peter the Great.
Après avoir comblé nos appétits, il était temps de se tourner vers les activités phares de l’après-midi. Tandis que certains se sont aventurés à la découverte du Zaanse Schans et de ses moulins pittoresques, d’autres se sont risqués à une escapade à vélo à travers la campagne hollandaise, prévue pour 10 ou 30 km (22) selon l’envie et la bravoure de chacun… sous réserve de la prétendue fiabilité des vélos de chacun.
Ce bel après-midi, baigné par le soleil zaandamien, céda la place à une soirée au restaurant « De Hoop op d’Swarte Walvis », installé au bord de l’eau et doté d’un charme indéniable… suffisamment puissant pour inciter même les aînés à dégainer leur fidèle smartphone, désireux d’immortaliser cet instant.
Le temps d’un instant suspendu, Monsieur le Président nous a enchantés par son discours, ponctué d’un geste à la fois audacieux et symbolique : un chapeau lancé avec panache, habilement réceptionné par Madame la Déléguée des Stagiaires, incarnant ainsi la cohésion sociale au sein du Barreau de Bruxelles. Monsieur le Président n’eut nul besoin des conseils d’un chanteur lyrique (et chocolatier) pour que sa voix porte. Il en alla tout autrement pour Madame la Bâtonnière, contrainte de déléguer la résonance de ses paroles au talent de Madame l’Ancienne Présidente. On pourrait presque affirmer que cette solution, à la fois élégante et ingénieuse, surpassait de loin l’idée de faire gravir à Monsieur le Vice-Président le sommet des marches pour se faire entendre.
À l’exception de quelques âmes timorées, la troupe s’est précipitée vers le cœur vibrant de Zaandam pour enflammer le dancefloor, sous l’œil attentif et les pas virevoltants de notre chère aînée, qui, du haut de son perchoir, semblait régner en maîtresse de la piste de danse. Que ce soit par gestes, mimiques ou langage des signes — conséquence de la musique tonitruante ou d’une voix momentanément en grève — nul doute que Mylène Farmer fut brillamment honorée et acclamée jusqu’au petit matin.
Après une nuit manifestement trop brève pour certains, il était temps pour les convives de mettre le cap sur Amsterdam. Par la route ou par les canaux, tous sont arrivés à temps pour la traditionnelle visite de clôture. Les choix étaient multiples : s’immerger dans les trésors du « Rijksmuseum », se perdre dans l’art contemporain du « Moco Museum », ou, pour les plus téméraires, s’offrir un véritable marathon culturel en enchaînant les deux. Les plus sages ont préféré quant à eux flâner dans les rues colorées de la ville, savourant l’ambiance sans trop se charger de culture. Les plus gourmands se sont donné pour mission de dénicher la boulangerie qui ferait – unanimement – rêver.
Ainsi s’achevait ce week-end hollandais, empreint de charme, de rires et de convivialité. Nos plus sincères remerciements vont à Monsieur le Président, Madame la Directrice et à l’ensemble des Commissaires de la Conférence du Jeune Barreau de Bruxelles, pour avoir orchestré cette escapade enchantée.